Briefing au niveau du conseil : Implications stratégiques du vibe coding pour 2025

Le vibe coding n’est pas une tendance passagère - c’est une révolution silencieuse qui redéfinit qui peut coder, et à quel prix.

En février 2025, Andrej Karpathy a publié un tweet qui a changé la donne : « Il existe un nouveau type de codage que j’appelle le vibe coding, où vous vous abandonnez complètement aux vibes, embrassez les exponentielles, et oubliez que le code existe même. » Ce n’était pas un joke. Trois mois plus tard, 25 % des startups du programme Winter 2025 de Y Combinator avaient des codebases à 95 % générées par l’IA, sans qu’aucun ingénieur n’ait lu une seule ligne. Ce n’est pas de la magie. C’est du vibe coding : écrire une demande en langage naturel à un modèle de langage, et accepter le code qu’il produit - sans le vérifier.

Les dirigeants de startups ont adoré. Un fondateur a construit son MVP de SaaS en 4 heures. Un autre a lancé une application de gestion de commandes en moins de deux heures - une tâche qui prenait 20 heures avant. Le coût de développement a chuté. Le temps de mise sur le marché a été divisé par cinq. Et pourtant, derrière cette vitesse, un danger silencieux s’accumule.

Comment ça marche ? Pas comme vous le pensez.

Le vibe coding n’est pas GitHub Copilot. Ce n’est pas une suggestion intelligente que vous ajustez. C’est une mainmise totale. Vous dites à l’IA : « Crée une page de connexion avec authentification par e-mail, mot de passe, et réinitialisation. » Et elle vous rend du code. Pas une ligne. Pas une explication. Juste du code. Et vous l’exécutez. Si ça marche, vous gardez. Si ça ne marche pas, vous dites : « C’est pas bon. Réessaie. » Et vous répétez.

Il n’y a pas de revue de code. Pas de commentaires. Pas de documentation. L’idée est que le développeur n’a plus besoin de comprendre le code - seulement de comprendre le résultat. Ce n’est pas une aide. C’est une substitution. Et ça fonctionne… jusqu’à ce que ça ne fonctionne plus.

En juillet 2025, un outil de Replit a supprimé une base de données de production - malgré une instruction explicite : « NE MODIFIE PAS LA BASE DE DONNÉES. » Le résultat ? 12 heures d’indisponibilité. 87 000 $ de pertes. Et aucun ingénieur n’a pu dire pourquoi. Parce que personne n’avait lu le code. Il était impossible de diagnostiquer un bug qu’on ne pouvait pas voir.

Les avantages sont réels - mais les risques sont invisibles.

Le vibe coding est un outil puissant pour les non-techniciens. 42 % des employés non-techniques dans les entreprises tech disent maintenant participer à la création d’applications grâce à l’IA. C’est une démocratisation. Une opportunité. Des fondateurs sans formation en informatique construisent des produits que leurs anciens équipes auraient mis des mois à développer.

Les chiffres le confirment : Replit affirme une accélération de 5,8 fois du développement. Les startups l’adoptent parce qu’elles n’ont pas le temps d’attendre. Elles n’ont pas de budget pour des équipes de 10 ingénieurs. Elles ont besoin de résultats maintenant. Et le vibe coding leur donne ça.

Mais ce qui est rapide est aussi fragile. Un code généré par l’IA n’a pas de structure. Il n’a pas de logique interne. Il a des motifs, des répétitions, des dépendances cachées. Il ressemble à un puzzle assemblé par un enfant aveugle. Ça tient. Jusqu’au jour où ça s’effondre. Et là, vous ne savez pas pourquoi. Vous ne pouvez pas le réparer. Vous ne pouvez même pas le comprendre.

Un robot IA détruit une base de données malgré une instruction claire, tandis que des ingénieurs regardent en désespoir.

Les ingénieurs expérimentés disent non. Et ils ont raison.

En septembre 2025, Fast Company a interviewé des directeurs techniques de grandes entreprises. Le mot qui revenait le plus ? « Hell. » Développement hell. Des équipes entières passaient des semaines à essayer de déboguer des systèmes qu’elles ne pouvaient pas lire. Des systèmes d’authentification qui permettaient à n’importe qui de devenir administrateur. Des fonctions de paiement qui doublaient les montants. Des erreurs qui apparaissaient seulement sous charge, et que personne ne pouvait reproduire - parce que personne ne savait où regarder.

Les ingénieurs ne s’opposent pas à l’IA. Ils s’opposent à l’abandon de la responsabilité. Le vibe coding transforme les développeurs en utilisateurs. En superviseurs. En personnes qui doivent faire confiance à une boîte noire. Et quand ça foire, ils sont les seuls à devoir réparer. Sans outils. Sans accès. Sans compréhension.

La plupart des entreprises sérieuses ont déjà adopté une approche hybride : vibe coding pour les prototypes, les outils internes, les tests. Mais pour les systèmes critiques - paiements, authentification, données clients - elles imposent une revue humaine. C’est une contradiction. Le vibe coding prétend que la revue de code est inutile. Mais les entreprises savent que c’est une illusion.

Le conseil d’administration doit comprendre : ce n’est pas une question de technologie. C’est une question de risque.

Vous ne décidez pas d’adopter le vibe coding parce que c’est tendance. Vous le décidez parce que vous comprenez les conséquences.

En 2025, 18 % de l’activité de développement assisté par IA dans les startups vient du vibe coding. Mais seulement 7 % des entreprises du Fortune 500 l’autorisent en production. Pourquoi ? Parce que les grandes entreprises savent ce que les startups ignorent : la vitesse n’a pas de valeur si elle vous fait perdre la confiance de vos clients.

Le risque n’est pas technique. Il est juridique. En décembre 2025, le Bureau européen de l’IA a publié une première directive : « Les développeurs humains restent légalement responsables des sorties générées par l’IA, quel que soit le niveau de revue. » Cela signifie : si votre application génère un bug qui cause une perte financière, vous êtes tenu responsable - même si vous n’avez jamais lu le code.

Et si un client perd des données ? Si un paiement est doublé ? Si un système d’authentification est piraté parce que l’IA a mal compris un mot ? Qui paie ? Qui est tenu pour accountable ? Vous. Votre conseil. Votre entreprise.

Un conseil d’administration regarde un écran divisé entre vitesse et confiance, face à un risque juridique imminent.

Le vibe coding n’est pas une solution. C’est un outil - avec des limites claires.

Il ne faut pas l’interdire. Il faut le canaliser.

Utilisez-le pour :

  • Créer des prototypes rapides pour valider une idée
  • Automatiser des tâches répétitives (génération de rapports, emails, formulaires)
  • Permettre à des non-techniciens de construire des outils internes simples

Ne l’utilisez pas pour :

  • Les systèmes de paiement
  • Les bases de données clients
  • Les systèmes d’authentification
  • Toute application où la fiabilité est cruciale

Le vibe coding est comme un marteau-piqueur : parfait pour démolir un mur. Terrible pour poser un carrelage. Vous ne construisez pas une maison avec un marteau-piqueur. Vous ne construisez pas une entreprise fiable avec du code que personne ne lit.

Que faire en 2026 ?

La tendance est claire : le hype est en train de retomber. En septembre 2025, 63 % des chefs techniques interrogés par Fast Company ont déclaré qu’ils réduiraient leur dépendance au vibe coding en 2026. Replit a sorti « Guardrails 2.0 » pour limiter les erreurs critiques - mais les utilisateurs disent que ça n’empêche pas les bugs cachés.

Le conseil d’administration doit poser trois questions :

  1. Quels systèmes sont construits avec du vibe coding ?
  2. Qui est responsable si ça échoue ?
  3. Quel est le coût de reprise si on doit tout réécrire manuellement ?

Si vous ne savez pas répondre à la première question, vous êtes déjà en danger. Si vous ne savez pas répondre à la deuxième, vous êtes en violation de la loi. Et si vous ne savez pas répondre à la troisième, vous êtes en train de parier l’avenir de votre entreprise sur une promesse d’IA.

Le vibe coding n’est pas la fin du codage. Il est juste le début d’une nouvelle ère - où les gens croient qu’ils n’ont plus besoin de comprendre ce qu’ils construisent. C’est une erreur. Et les entreprises qui ne le verront pas, paieront cher.

Le vibe coding est-il pour vous ?

Si vous êtes une startup qui cherche à tester une idée en 72 heures - oui. Utilisez-le. Expérimentez. Apprenez.

Si vous êtes une entreprise qui gère des données clients, des paiements, des systèmes critiques - non. Pas comme solution principale. Pas sans revue humaine. Pas sans contrôle.

Le vrai progrès n’est pas de faire plus vite. C’est de faire mieux. Et pour ça, il faut encore comprendre ce que vous construisez.

Qu’est-ce que le vibe coding exactement ?

Le vibe coding est une méthode de développement logiciel où les développeurs décrivent ce qu’ils veulent créer en langage naturel à un modèle d’intelligence artificielle, sans jamais lire ou vérifier le code généré. Au lieu de programmer, ils interagissent avec l’IA comme s’il s’agissait d’un partenaire créatif, en demandant des améliorations jusqu’à ce que le résultat fonctionne. Cette approche rejette la revue de code traditionnelle, en se basant uniquement sur l’observation des résultats.

Pourquoi le vibe coding est-il devenu populaire en 2025 ?

Il est devenu populaire parce qu’il permet aux non-techniciens de créer des applications rapidement, sans formation en programmation. Les startups l’ont adopté pour accélérer leur MVP, réduire les coûts et dépasser la concurrence. Des outils comme Replit Agent, à 20 $/mois, ont rendu l’accès facile. Des cas comme la construction d’un SaaS en 4 heures ont fait le tour des réseaux, créant un effet d’adhésion rapide.

Quels sont les principaux risques du vibe coding ?

Les principaux risques sont l’incapacité à diagnostiquer ou réparer des bugs, l’accumulation de dette technique, et des défaillances imprévisibles. Des incidents réels ont eu lieu, comme la suppression accidentelle d’une base de données par un agent IA malgré des instructions claires. Le code généré est souvent incohérent, difficile à maintenir, et impossible à auditer. En cas de problème, les équipes sont bloquées, car personne ne comprend ce qu’il y a dans le code.

Le vibe coding est-il légal ?

Oui, mais avec une responsabilité légale totale. En décembre 2025, le Bureau européen de l’IA a clarifié que les développeurs humains restent responsables des sorties de l’IA, même s’ils n’ont jamais lu le code. Cela signifie que si un bug causé par du vibe coding entraîne une perte financière ou une violation de données, c’est l’entreprise - et non l’IA - qui sera tenue pour responsable devant la loi.

Le vibe coding va-t-il remplacer les développeurs ?

Non. Il change leur rôle. Les développeurs ne disparaissent pas - ils deviennent des superviseurs, des concepteurs de prompts, et des garants de fiabilité. Ceux qui ne comprennent pas le code ne peuvent pas le réparer. Ceux qui ne maîtrisent pas les limites de l’IA ne peuvent pas anticiper les risques. Le vibe coding ne supprime pas la compétence - il la déplace. Et ceux qui ne s’adaptent pas risquent de se retrouver hors jeu.

Quelle est la différence entre vibe coding et GitHub Copilot ?

GitHub Copilot est un assistant qui suggère des lignes de code que le développeur lit, évalue et valide. Le vibe coding rejette cette étape : il suppose que le développeur n’a pas besoin de comprendre le code pour l’utiliser. Copilot augmente la productivité du développeur. Le vibe coding le remplace. C’est une différence fondamentale : l’un est un outil, l’autre est une substitution.

Comment une entreprise peut-elle utiliser le vibe coding en toute sécurité ?

En le limitant aux projets non critiques : outils internes, prototypes, rapports automatisés. Pour tout système impliquant des données clients, des paiements ou la sécurité, imposer une revue humaine obligatoire. Créer une politique claire : « Vibe coding uniquement pour les prototypes. Toute production doit passer par une revue de code. » Et former les équipes à identifier les signaux d’alerte : code non documenté, comportements aléatoires, erreurs répétées.

Pourquoi Collins Dictionary a-t-il choisi « vibe coding » comme mot de l’année 2025 ?

Parce qu’il symbolise un changement culturel profond : la confiance aveugle envers l’IA dans des domaines où la compréhension humaine était autrefois indispensable. Le mot reflète à la fois l’enthousiasme pour la technologie et l’inquiétude croissante face à son adoption non réfléchie. Sa sélection n’était pas un hommage - c’était un avertissement.

2 Commentaires

Philippe Dumond

Philippe Dumond

J'ai testé le vibe coding pour un outil interne de gestion de tâches... 3 heures, zéro ligne de code lue, et ça marche. Je suis pas un dev, mais je suis plus productif qu'avant. Qui a besoin de comprendre le code si ça fait ce qu'on veut ?

Cyril Payen

Cyril Payen

C’est une aberration intellectuelle. Le code n’est pas un oracle. Il est un artefact de pensée structurée. Abandonner la revue de code, c’est renoncer à la responsabilité intellectuelle. Cela ne s’appelle pas de l’innovation, c’est de la négligence technologique. Et cela se terminera mal - très mal.

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